Derby della Capitale, le Derby Eternel !

Contexte

Les mesures anti Covid commencent à disparaître peu à peu, et les stades eux se remplissent… C’est l’heure pour moi de rattraper le temps perdu. Accompagné de mon acolyte de toujours, je repars à la conquête de nouveaux stades ! Et vous allez vite comprendre que notre première destination n’est pas des moindre avec ce voyage foot à Rome, qui va nous laisser un souvenir indélébile.

 

A la découverte de Rome, la ville éternelle…

Comme souvent à l’occasion de ces voyages foot que l’on aime tant, le vendredi et le lundi sont posés pour nous permettre de profiter au maximum de notre destination, le temps d’un week-end.

Une correspondance rythmée à Orly causée par le retard de mon train entre Lyon et Paris, et nous arrivons dans l’après-midi à Rome, où une légère déconvenue nous attend. En effet, l’auberge que nous avions au préalable choisie n’est pas du tout à la hauteur. En un mot, un taudis qui nous coûtera la perte de quelques heures afin de trouver autre chose de plus convenable… Une fois notre hébergement pour le week-end trouvé, notre première soirée nous mène à Trastevere, un quartier pour le moins touristique, avec énormément de restaurants. Notre régime pâtes-pizzas du week-end peut donc commencer !

Un moment pas forcément dépaysant vu la quantité de touristes autour de nous, mais qui reste agréable. Petit coup de cœur pour la boutique du club de foot de Trastevere (Serie D), située en plein cœur du quartier. Sur le chemin du retour à la station Termini (la gare centrale de Rome) où se trouve notre hébergement, le bus nous conduit devant l’Autel de la Patrie (ou monument à Vittorio Emanuele II). Ce bâtiment est tout simplement colossal… Il abrite le Ministère de la Culture, ce qui en dit long sur la grandeur de la culture italienne que l’on s’apprête à apprécier tout au long de notre week-end foot à Rome ! C’est sur cette découverte que s’achève notre première soirée romaine.

Le lendemain, nous prenons la direction du Foro Romano. C’est l’endroit qui concentre le plus de patrimoine architectural de la ville, et aussi le plus de touristes… On est pourtant en plein mois de Mars et hors vacances scolaires, mais le quartier est bondé… On comprend alors que la découverte de la ville va nous demander plus d’organisation, et également que les visites des monuments du Forum, et notamment le Colisée, se font en réservant un créneau horaire en ligne. Fastidieux mais nécessaire vu le nombre de personnes présentes dans la zone! Nous remettons donc notre visite du Foro Romano à plus tard dans l’après-midi et partons en direction du Circo Massimo, situé quelques centaines de mètres plus loin. Sur place, beaucoup moins de monde qu’au Forum, il faut dire qu’il n’y a plus grand chose à voir. Sauf pour ceux qui choisissent de faire le tour virtuel, luxe que nous ne nous paierons pas pour cette fois. Ce qui était autrefois l’hippodrome de la cité antique de Rome est désormais un espace vert de la ville. On devine l’immensité de l’ancien écrin, mais la visite virtuelle doit forcément mieux aider à rendre compte de ce à quoi cela pouvait ressembler à l’époque.

 

Petit détour par le Jardin des Orangers, un lieu plutôt romantique de la capitale italienne, où on profite d’un magnifique panorama sur la ville.

 

Rome façon foot, mais pas que !

Notre itinéraire est également influencé par notre chasse au street-art à thème foot dans la ville. Pas forcément possible dans toutes les villes, Rome fait partie de celles qui transpirent le foot. Ce qui se retrouve sur les façades des immeubles. C’est donc dans le quartier de Testaccio que nous attend la découverte insolite d’un street-art de José Mourinho. A quelques centaines de mètres plus au sud, nous découvrons la Pyramide de Cestius. Un monument moins connu à Rome, mais qui est intéressant à découvrir, dans la continuité de Testaccio. Nous prenons ensuite le métro en direction du Colisée pour enfin pouvoir visiter la zone après notre échec du matin.

Nous commençons par le Forum, dans l’attente de notre heure d’entrée dans l’enceinte du Colisée. Comme plus tôt ce matin, la zone est hyper fréquentée. Mais le vaste site archéologique du Foro Romano nous donne suffisamment d’air pour apprécier. Au menu, des arcs de triomphe ultras raffinés ornent la zone, des centaines de colonnes, plus ou moins en bon état, des temples, d’anciens palais, des ruines de bâtiments religieux immenses… En bref, le patrimoine de la civilisation romaine, juste sous nos yeux. L’histoire de l’humanité est ici sauvegardée à travers ces vestiges, qui ont traversé les siècles et les millénaires.

Vient enfin l’heure pour nous d’entrer au Colisée. C’est un moment fort que l’on attendait avec impatience depuis que notre destination était fixée sur Rome. Quand on y pense, le Colisée, c’est un peu le premier stade comme on les connaît aujourd’hui… Alors pour des chasseurs de stades comme nous, c’est un vrai symbole !

Bien sûr, ce n’était pas le même spectacle à l’époque… Le Colisée est un lieu particulièrement inspirant (malgré encore une fois le nombre fou de visiteurs). Une fois à l’intérieur, je suis rattrapé par le poids de l’histoire, dans cette enceinte qui a vu tant d’horreurs, passées pour du loisir et de l’amusement… Peut-être que le spectacle dans nos stades d’aujourd’hui provoqueront également des contradictions philosophiques pour les futures générations… Long débat, et débat d’actualité d’ailleurs…On dit souvent que les stades sont le reflet de notre société…Toujours est-il que le simple fait d’essayer d’imaginer les scènes qui se sont déroulés dans cette arène me travaille.

Ce qui est sûr, c’est que architecturalement parlant, le Colisée de Rome ressemble en tout point à un stade contemporain ! On devine les différents niveaux de gradins, leur inclinaison, les loges impériales… L’état de conservation du monument est ainsi fait pour que le visiteur puisse également observer les coulisses du Colisée. On s’aperçoit que sous la “scène”, c’est un véritable chantier logistique qu’avaient établi les Romains, dans les entrailles de ce colosse. A l’époque, les animations de chaque “spectacle” étaient gérées depuis ces coulisses (système d’irrigation de l’arène, animaux sauvages, gladiateurs et autres…). Les vastes espaces de circulation permettant l’accès à l’enceinte sont bluffants. Le Colisée a vraiment été pensé comme les stades de nos jours 2000 ans plus tôt. Et autant vous dire que le nombre de touristes atteste de l’ingéniosité du site en termes de circulation de foule. Je pourrais vous écrire d’autres centaines de lignes sur ce moment passé au Colisée, mais on n’est pas sur Wikipédia non plus… (rires).

L’après-midi se termine et nous rejoignons à nouveau le quartier de Trastevere pour y passer la soirée. Cette fois-ci, nous serons en compagnie d’autres voyageurs foot, venus de toute l’Europe pour assister au derby du lendemain. On échange sur nos expériences passées. Certains ont déjà visité le stade d’autres membres du groupe. C’est le cas pour moi et de ma rencontre avec ces deux amis en provenance de Copenhague (article ici). On s’échange nos pronostics pour le match que nous sommes tous venus voir.

En fin de soirée, mon compère de stade et moi sommes pris d’un dernier regain d’énergie pour terminer la visite d’une partie de la ville avant d’aller se coucher. A ce moment là, on prend surtout conscience qu’on n’aura jamais le temps de tout faire…Notre journée du lendemain étant déjà surbookée… C’est pourquoi nous partons en direction de la fontaine de Trévi de nuit. Une expérience magnifique. Si comme nous, vous vous dîtes qu’il doit y avoir moins de monde à minuit qu’en journée, détrompez-vous… Mais la foule est un détail qu’on a fini par accepter partout que l’on aille à Rome, ou du moins sur les sites majeurs. La fontaine de Trévi est d’un raffinement indescriptible. La façade du bâtiment qui l’abrite est impressionnante et donne un charme fou à l’endroit. Contrairement à d’autres monuments de la ville, la fontaine de Trévi est simplement située au croisement de plusieurs rues, et on pourrait sans doute tomber dessus sans s’y attendre. En ce sens, elle est parfaitement fondue dans le maillage de la ville de Rome.

Sur le chemin du retour vers notre hébergement, nous partons à la recherche du célèbre Murale a Totti, le graffiti à l’effigie du légendaire capitaine de l’AS Roma pointant son doigt vers le ciel. Récemment parti à la retraite, l’enfant du pays est toujours adulé comme au premier jour. Comme nous, il sera au stade le lendemain pour assister au derby éternel!
Dernier détour pour un moment Colisée by night. Ce monument est l’emblème absolu de la ville, et nous ne voulions pas manquer de l’observer de nuit.

 

 

Dimanche et jour de match pour notre duo de choc !

Alors qu’on s’apprête à vivre notre baptême au Stadio Olimpico de Rome pour le derby plus tard dans la journée, c’est au Vatican que nous poursuivons notre visite de la ville dans la matinée. Et ce n’est pas un hasard, puisque le dimanche est jour de messe donnée par le Pape. Un moment qu’on ne voulait forcément pas rater! Avant cela, petit détour par le Castel Sant’Angelo que nous n’aurons pas le temps de visiter de l’intérieur. Ce n’est ni plus ni moins que l’ancien château de la cité du Vatican, construit pour la défendre. Un monument immense de plus qui s’ajoute à la liste. Les ponts qui ornent l’accès à la cité du Vatican sont eux aussi d’un niveau de détail ahurissant, et jonchés de statues monumentales. Une fois de plus, nous sommes plongés dans l’histoire de l’humanité en découvrant les différents lieux de cet endroit. Le Vatican est le haut lieu de la religion catholique, et on devine aisément la richesse historique dont jouissait la papauté sur les bâtiments. Nous arrivons sur la Place Saint Pierre vers 11 heures. Comme d’habitude, beaucoup de monde est présent pour l’événement. La place est splendide, et comme souvent, l’immensité des lieux rend la surfréquentation beaucoup plus supportable qu’il n’y paraît. A midi, les sirènes du Vatican retentissent et le Pape prend la parole de sa fenêtre, salué par ses fidèles depuis la place. Les dizaines de milliers de personnes qui, comme nous, sont venues assister à la messe , repartent une fois celle-ci terminée. A ce moment-là, inenvisageable pour nous de visiter la Basilique Saint-Pierre tant il y a de monde qui s’y rue. On se contentera d’avoir eu tout le loisir de l’observer de l’extérieur pendant la messe pour cette fois. Dernier détour touristique à la Piazza di Spagna et ses fameux escaliers.

La tête est maintenant ailleurs, car notre pèlerinage à nous est dans quelques heures, au Stadio Olimpico !

 

AS Roma – SS Lazio, Mars 2022

Nous arrivons 2h30 avant le coup d’envoi, le temps de voir large. C’est jour de derby, et la circulation dans les alentours du stade est donc complètement coupée. Cela nous oblige à une bonne marche pour atteindre le Foro Italico (30 minutes). L’accès au stade est relativement simple. Les hôtes et hôtesses du stade se montrent faussement exigeants avec le port du masque FFP2 qui fait plus figure de pass que d’une obligation. Les pass vaccinaux sont également vérifiés (mais pas scannés…). Le stade et ses alentours sont littéralement coupés en deux avec d’un côté les supporters de l’AS Roma, et de l’autre ceux de la Lazio. Le derby della Capitale est un des matchs les plus intenses au monde, et les mesures de sécurité sont prises à la lettre. Le derby de Rome a connu de nombreux évènements tragiques, qui forgent tristement son histoire, au même titre que les succès et déroutes des deux clubs. Aujourd’hui, la situation semble bien plus stable. Cette saison, les deux équipes de Rome sont décrochées de la course au titre, et sont à la lutte pour arracher les dernières places européennes. Mais indépendamment des couleurs que chacun porte pour ce match, c’est la suprématie d’un des deux clubs sur la ville pour les 6 prochains mois qui se joue ce soir. Et c’est aussi l’occasion d’embellir une saison qui va se terminer sans éclat pour les deux camps. C’est en tout cas l’état d’esprit des deux fanbases au moment de la rencontre. Car ce que les tifosi de l’AS Roma ignorent, c’est que 2 mois plus tard, leur équipe va remporter la première édition de la Conférence League. Mais ça, ils ne le savent pas encore !

 

A ville éternelle, derby éternel !

Le jour de Derby à Rome, c’est celui où votre voisin ou votre collègue de travail devient votre pire ennemi, pour le temps d’un match (et du lendemain, le temps de digérer pour celui dont l’équipe a perdu, ou de savourer pour l’autre). Avant le match, le parvis du stade est animé, mais les plus fervents supporters sont déjà à l’intérieur au moment où nous accédons au stade. Le temps nous gâte pour ce week-end, et le soleil illumine le Stadio Olimpico.

C’est un stade difficile à décrire de l’extérieur. Comme beaucoup de stades italiens, il est assez vétuste, mais pas négligé. Le design extérieur est relativement sobre, très bétonné. Ce qui attire l’œil, c’est la structure métallique du toit. C’est sûrement le détail qui rend l’Olimpico de Rome reconnaissable entre mille. Ce qui ne trompe pas encore une fois, c’est son immensité ! A l’instar de tout ce que nous avons pu visiter ce week end, le Stadio Olimpico est gigantesque. Ce soir, c’est à 75% de sa capacité totale de 72 000 places que le match sera joué, Covid oblige. Mais une fois à l’intérieur, il faut un oeil bien avisé pour se rendre compte des 25% manquants…

En effet, le stade semble comble, et l’ambiance survoltée de la soirée y contribue forcément.
Nous sommes placés en tribune Tevere, pas si loin des supporters de la Lazio. Un No Man’s Land d’une trentaines de sièges est laissé pour séparer les deux camps. Notre position dans le stade nous laisse constater à quel point la rivalité est forte entre les deux camps. Certains groupes Ultras de l’AS Roma, normalement positionnés dans le virage opposé, sont venus se mettre spécialement à cet endroit pour être au front de l’ennemi de toujours.

 

Le virage laziale est impressionnant. Il est rempli de drapeaux aux couleurs du club, et d’une puissance vocale folle. L’avant match est clairement à l’avantage des Laziales dans les tribunes. Peut-être aussi parce que nous sommes près d’eux… Comme je le disais plus tôt, le Stadio Olimpico est immense, et à l’intérieur aussi.

Et qui dit stade olympique dit piste d’athlétisme, ce qui rend l’enceinte encore plus vaste. Il est de coutume pour le spectateur de foot d’avoir peur de se sentir éloigné du spectacle à cause de cette piste d’athlétisme… Ce soir à Rome, il n’en est rien. Je n’ai d’ailleurs aucun souvenir de cette piste tant le spectacle est saisissant. Dans la tribune avant le match, moment hilarant où plusieurs fans de la Roma brandissent des ballons d’anniversaire destinés à se moquer du passage de 11 ans en Serie B de la Lazio. J’ai d’ailleurs l’honneur d’en gonfler un, pour la gloire… Les joueurs s’échauffent… Les tribunes, elles, sont déjà bouillonnantes. Ceux qui n’ont pas suivi l’AS Roma devinent assez facilement les chouchous du public lorsque celui-ci scande leurs noms lors de l’annonce de la composition des équipes. On retrouve donc parmi les têtes d’affiche l’enfant du pays et capitaine Lorenzo Pellegrini, ainsi que Tamy Abraham. Du beau monde côté Lazio également, avec notamment la présence de Ciro Immobile. Les joueurs rentrent au vestiaire… le coup d’envoi approche et on aperçoit les tifos se préparer dans chacune des curvas de l’Olimpico. Côté Lazio, un splendide tifo de l’aigle, symbole du club. Pour le virage Romaniste, ce sera la Louve allaitant ses petits, perchée sur une colonne antique. Un tifo qui se veut donc très symbolique également. A ce moment précis, le derby romain est véritablement lancé !

Et il ne va pas tarder à livrer sa première péripétie… 1ère minute, corner pour l’AS Rome repris victorieusement par Abraham, et déjà 1-0. Le tifo de la Louve n’a pas encore été retiré que l’Olimpico explose et scande le nom de celui qui sera l’un des héros de la soirée ! Car il réitère plusieurs minutes plus tard en reprenant un centre venu de la droite et s’offre donc un doublé. Il passera à plusieurs reprises à deux doigts du triplé pour sceller sa partition quasi parfaite. L’anglais, arrivé l’été dernier, se plaît à Rome, et cela crève les yeux ! Chaque ballon qu’il touche est un danger pour la Lazio, qui peine à voir le jour dans ce match. Il faut dire que le niveau de jeu affiché par l’AS Rome ce soir est séduisant. Du jamais vu cette saison, qui reste à cet instant en demi-teinte. Le public romaniste est aux anges. C’est comme si tous les manques de leur équipe cette saison s’étaient envolés. Les giallorossi jouent en pleine confiance à l’unisson avec leurs supporters qui font chavirer cette soirée dans l’irréel. C’est le capitaine Pellegrini qui viendra éteindre tout espoir de retour pour les Laziales, avec un coup franc splendide de 25m en pleine lucarne. 3-0, score à la mi-temps et score final. La Lazio n’aura jamais retrouvé son football ce soir-là, et verra même son rival de toujours lui passer devant au classement à l’occasion de cette déroute. Une soirée à oublier…

Côté AS Roma en revanche, on sent que le lien est renoué entre joueurs et supporters après des débuts chaotiques cette saison. L’histoire retiendra peut-être que c’est de ce match qu’est venu la confiance pour aller chercher le titre en UEFA Conférence League deux mois plus tard. L’ambiance reste à son apogée toute la seconde période malgré un rythme moindre sur la pelouse. Les chants des supporters romains me rentrent dans la tête pour ne plus en sortir avant plusieurs semaines. A la sortie du stade, difficile de savoir si l’Italie ne vient pas de gagner la coupe du monde… Les quartiers alentours du stade sont une fête rouge et jaune, les routes sont bondées et tout le monde chante et klaxonne… Des scènes magiques !

Mon compère et moi finissons ensuite la soirée dans un restaurant en compagnie de nos amis aux ballons d’un peu plus tôt, et nous refaisons la soirée. Ils sont formels, nous avons eu une chance incroyable de venir précisément pour ce match. Notre avion prévu assez tôt le lendemain écourte notre soirée en si bonne compagnie, mais nous avons conscience d’avoir vécu un voyage foot à Rome exceptionnel en tout point. Peut-être l’un des meilleurs…

Merci Rome !

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